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Qu’est-ce qu’un « jeune » agriculteur ?

 
Jean-Michel Schaeffer

 

 
Tuo Lacina

 

 
Sok Sotha

J’aimerais revenir sur une question que je me suis posé quand j’ai participé au G120 à la fin du mois de juin : comment les différentes régions du monde appréhendent-elles le concept de « jeune » en agriculture ?

Un des organisateurs français du G120 était le syndicat Jeunes Agriculteurs, dont  les membres sont des agriculteurs de moins de 35 ans. Son président actuel, Jean-Michel Schaeffer, a 32 ans et porte la voix des jeunes agriculteurs français auprès des décideurs politiques et des autres acteurs du système agroalimentaire. Les agriculteurs français ont ainsi choisi de créer un organisme représentatif spécifique pour leurs jeunes agriculteurs afin de dynamiser le débat sociétal sur les questions agricoles.

Passés 35 ans, les jeunes agriculteurs rejoindraient-ils les idées et positions de leurs collègues plus âgés ? Mes discussions avec des représentants jeunes d’agriculteurs du monde montrent que non.

Par exemple, Tuo Lacina est un agriculteur ivoirien. Il est aussi le président d’Intercoton, l’association interprofessionnelle de la filière coton de Côte d’Ivoire. Lacina Tuo est âgé de 40 ans mais, dans son pays, il est encore considéré comme très jeune par ses pairs. Lui-même se considère encore comme un jeune agriculteur. Il pense aussi faire figure d’exception car les jeunes agriculteurs ne sont pas assez représentés dans les organisations agricoles africaines dont les membres et représentants sont plutôt des agriculteurs plus âgés et jouissant d’une certaine reconnaissance sociale au sein de leur communauté.

A l’inverse, Sok Sotha, directeur général de la Fédération cambodgienne des producteurs agricoles (CFAP), n’a « que » 38 ans mais au Cambodge il est déjà reconnu comme un agriculteur expérimenté. En effet, dans ce pays, les « jeunes » en agriculture se situent plutôt dans la tranche d’âge 18-24 ans. La problématique principale y est de maintenir la jeunesse rurale dans le secteur agricole. De nombreux jeunes ruraux quittent la ferme pour un salaire plus avantageux dans le secteur industriel. Ces jeunes reviennent ensuite sur l’exploitation familiale quand ils se marient. Mais n’ayant pas eu accès à l’éducation technique agricole ni à l’apprentissage, ces jeunes agriculteurs sont mal préparés à exercer leur métier.

De façon générale, le profil des participants du G120 montre la difficile représentation des intérêts des jeunes dans les organisations professionnelles agricoles des pays en développement. L’organisatrice de l’événement, Fabienne Derrien, a estimé que sur les 80 présidents d’organisations d’agriculteurs du Sud invitées au G120, seulement cinq pouvaient avoir moins de 40 ans, dont trois d’Amérique latine. Une solution serait-elle de promouvoir la constitution d’organisations spécifiquement représentatives des jeunes agriculteurs, comme c’est le cas en France ? Les difficultés déjà rencontrées par les organisations de producteurs des pays du Sud, pour se constituer et se financer, militent plutôt dans un premier temps pour la constitution en leur sein de groupes de travail pour mieux impliquer la jeunesse dans les prises de décisions de ces organisations. C’est le cas par exemple dans l’interprofession de Tuo Lacina et la fédération de Sok Sotha.

Jo Cadilhon

NB : ce blog a été validé pour diffusion sans toutefois représenter les positions du Ministère français en charge de l'agriculture

 

Jo Cadilhon

Agro-économiste – Gouvernance et filières
Centre d'études et de prospective
Ministère français en charge de l'agriculture
http://agriculture.gouv.fr/centre-d-etudes-et-de-prospective 
 
Niche Learners and Learning Institutions
Paradigm Shift for Young Agriculture Professionals

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Monday, 11 November 2024

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